vendredi 9 décembre 2011

Lorsque hors saison, pensons germinations

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Germination de lentilles, première étape.


Hélène :
Ça y est, on ne peut plus se le cacher, la saison de jardinage est bien terminée. La première neige est tombée (probablement plus d'une si vous êtes plus au Nord), il n'y a plus une feuille dans les arbres et bien des voisins ont sorti les décorations de Noël. Alors quoi faire si on a le pouce vert qui veut déjà revoir le printemps? Et quoi dire du palais qui souhaiterait encore goûter à de la verdure fraîche?


Après une journée, on voit déjà de la tige
qui se pointe!
Eh bien, il y a toujours les germinations! Cette façon de manger de la verdure est excellente pour la santé en plus de s'avérer vraiment délicieuse. Et c'est simple. Très simple. Si vous allez dans les magasins d'aliments naturels, vous trouverez toutes sortes de graines pour la germination, mais à des prix parfois élevés (à titre d'exemple, j'ai 250g de graines de fenugrec à 6.49$). Cela peut paraître excessif, mais un de ces sacs vous procurera beaucoup de graines germées. Mais il y a encore moyen de s'en sortir à moins cher. Voici où vous pouvez vraiment économiser : Achetez les graines dans les sacs en vrac en épicerie. Ces sacs dans lesquels on retrouve souvent des fèves, des pois et autres graines séchées. Eh bien, toutes ces graines, on peut très bien les faire germer, elles aussi! À condition d'être entières et crues (donc, ni écrasées, ni rôties, blanchies ou passées par tout autre procédé que l'industrie peut employer pour faire souffrir ces pauvres petites choses). Par exemple, les pois cassés ne pourront pas germer, puisqu'ils n'ont simplement plus le germe qui permet d'en obtenir une plante. Sur la photo de droite, ce sont des lentilles vertes, tout bêtement. Et pourtant, elles font de merveilleuses germinations.

Je vous donne la méthode "pot Mason" qui est probablement la plus simple, mais il y a aussi la possibilité d'utiliser un germoir. Par contre, dites-vous que n'est pas du tout nécessaire de dédier de l'espace pour un appareil de plus dans la cuisine, alors que le pot Mason fait très (trop) bien le travail.


Étape 1, germination de fèves Mung
Alors, voici la méthode que nous employons, Louise et moi.
L'étape 1 est toute simple, comme le montre la photo tout en haut de cet article (plus celle-ci, à droite). Il s'agit de mettre une petite quantité de graines dans le pot (une ou deux cuillères à soupe vous donneront assez de verdure pour agrémenter quelques salades). On rince les graines une première fois à l'eau claire et puis on remplit le pot d'eau froide (ou tiède) pour couvrir les graines. On laisse reposer 2 à 6 heures ou plus. Moi, je les laisse toute la nuit. Plus les graines sont grosses, plus j'insiste sur ce point, d'ailleurs. La graine doit être bien humide pour pouvoir germer.



Pour l'étape 2, on vide l'eau, on rince à nouveau et on recouvre l'embouchure d'un bout de tissu mince, retenu par un élastique. ( Notez, ici mes graines sont de bonne taille alors le rinçage se fait facilement. Avec des graines plus petites comme la luzerne, on doit soit user de patience, soit d'ingéniosité. Certains font des grillages sur mesure pour leur pot Mason (par contre, n'allez surtout pas utiliser de la moustiquaire en aluminium pour fenêtres et portes patio; c'est poison et laissera des traces sur vos germinations à coup sûr). Moi, l'ingéniosité, c'est tout simplement un vieux bas de nylon (bien nettoyé, bien sûr). Le rinçage au travers se fait comme un charme!


Étape 2
On peut conserver ces ronds de coton qui recouvrent les pots de confiture,
pour faire plus joli. Avec les graines les plus petites, comme la luzerne, Louise aime
bien utiliser un petit tamis de cuisine en acier inoxydable.


Troisième étape, mettez le pot dans un bol, la tête vers le bas. Le peu d'eau restante entre les graines pourra ainsi s'échapper. Faites un rinçage de ces graines deux fois par jour. C'est important, et encore d'autant plus quand il fait chaud, pour prévenir le développement de moisissures. Au bout de 2 à 4 jours, les graines auront suffisamment germé et vous aurez de quoi agrémenter vos salades, pâtes et bien plus! Plus la température ambiante est élevé, plus le temps de germination sera court.

Les préférées d'Hélène :  Quoi que je suis loin d'avoir essayé toutes les sortes, j'adore les fèves Mung. Elles sont suivies de près par les germinations de maïs. La luzerne aussi est très bien. Les lentilles sont fabuleuses! Prochain essai : les pois chiches! En revanche, je n'aime pas particulièrement le fenugrec et je déteste le cresson rouge! Et il y a peu à faire pour certaines graines qui ont gardé leur couche de saponine, comme le cresson rouge et le lin (j'ai pourtant persisté en les faisant tremper une semaine, rien à faire); elles deviennent gluantes et ne germent qu'à un très petit pourcentage ou simplement pas. Mais toutes mes autres belles germinations, je les utilise surtout sur des pâtes et dans des salades.

Les préférées de Louise : Chez moi, ce sont les classiques qui ont la cote. La luzerne l'emporte, mais nous aimons aussi beaucoup le trèfle. De toute façon, il nous reste tant de variétés à essayer ! Le temps et le travail requis pour faire des germinations est ridiculement court. Et ce que j'aime par-dessus tout de cette méthode de culture inusitée, c'est que c'est vraiment moi qui produit un légume, seulement, c'est sans passer par le potager.

Un petit truc pour le sac à dos : Est-ce que vous allez parfois faire du camping? Un truc qui peut s'avérer fabuleux c'est de mettre des graines dans un bas de nylon et ce bas de nylon dans un sac ziploc remplit d'eau. On accroche le tout à son sac à dos. 6 heures plus tard, on enlève le sac ziploc et son eau et on ne laisse accroché au sac à dos que le bas de nylon, qu'on rince 2 fois par jour. Après 2 à 4 jours, surprise! Un repas tout frais est à votre portée. L'idée vient de ce livre.

Et un dernier truc. Si votre pouce vert n'est pas comblé, gardez quelques germinations de côté et faites-en quelques plantes d'intérieur pour l'hiver. Les lentilles font un plant absolument mignon! Cette dernière idée que j'ai testée m'est venue de ce livre-ci.

MISE À JOUR : Et bien, les germinations de pois chiches, ça n'a pas marché pour moi. Le temps que les pois arrivent à germer à une taille raisonnable, le 1/4 était devenu visqueux, sentait bizarre ou était simplement en train de pourrir! Peut-être aurait-il fallu que je les rince plus fréquemment pour éviter la moisissure? Reste que j'ai pris les plus belles germinations et je les ai transplantées dans un pot. Et voilà! Une plante de maison de plus.
Les pois chiches ressemblent aux lentilles, mais font une plante
beaucoup plus droite et touffue.

mercredi 30 novembre 2011

Les succès et les échecs 2011, partie 2


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Louise :

Ode à la variété : des fleurs de zinnias
et d'hémérocalles, des tomates cerises,
des cerises de terre, des échalotes,
des haricots et des fraises-épinards
(ces drôles de petits fruits rouge vif). 
À mon tour de vous parler de ma saison de jardinage, qui a été vraiment fructueuse, comme vous le constaterez. Mais j'ai quand même décidé de commencer par énumérer mes échecs. D'abord pour contribuer, par mon témoignage personnel, à faire ressortir une vérité : en jardinage, rien n'est jamais garanti. Mais ensuite et surtout parce que je veux me débarrasser de la partie désagréable en premier ! (Note : Cette autodiscipline exemplaire me vient de ma famille qui, sans aucune originalité culturelle, m'a appris à manger le plat principal avant de tomber dans le dessert.)
Donc, sur la liste des échecs, je peux tout mettre en deux catégories : les légumes-racines (carottes, navets, radis et oignons) et les crucifères (choux, chou-fleur, chou frisé, brocoli).
Des légumes racines qui restent obstinément minces :
Radis anorexiques
aux racines déformées

Je ne sais pas si mes radis, navets, carottes et oignons se sont ligués contre moi, mais ça ressemblait à un véritable complot : tous ont fait des feuilles, souvent abondamment, mais leur racine est restée filiforme. Pourtant, j'en ai planté dans plusieurs coins du jardin, dans des conditions assez différentes d'un endroit à l'autre, et je n'ai pas été chiche sur la quantité de graines semées. Je n'ai donc aucune idée de ce qui s'est passé. J'ai ramassé deux ou trois douzaines de délicieuses mais minuscules carottes, environ 6 radis, aucun navet qui en valait la peine, et seulement une trentaine d'échalotes. Seuls mes rutabagas, semés en pots en très petite quantité, m'ont récompensée en développant de belles bedaines rouge-violacé.
Du côté des courges : j'ai seulement récolté une Butternut et une Buttercup. Pas un seul zucchini ! Moi qui aurait aimé essayer de faire sécher en tranches mes surplus !

Des choux sacrifiés au bar à salades des insectes :
Ici, je sais très bien pourquoi je n'ai pas eu de succès. Je n'ai pas protégé mes plants sous un voile. Tout s'est bien déroulé jusqu'à la mi-juillet, remarquez, date à laquelle je suis partie en vacances. Les bestioles attendaient probablement mon départ, car au retour, j'ai trouvé certains de mes plants mangés quasiment jusqu'au coeur. Tant pis pour moi, mon amie m'avait avertie de les couvrir d'un morceau de tulle, précaution que je n'ai pas prise, pour voir. Eh bien, je suis (re)venue (de vacances), j'ai vu (le désastre) et ils (les bestioles) ont vaincu. Jules César aurait eu honte de moi.

Pour le reste, il y a eu les demi-succès : par exemple,  j'ai eu une vingtaine de concombres, quelques piments et poivrons, ainsi que des aubergines. Il y a eu aussi les récoltes satisfaisantes : une belle variété de fines herbes, dont quelques nouveautés pour moi.

Petit échantillon d'abondance : des cerises de terre, des tomates (ici, surtout des vertes), et une tarte aux pommes encore tiède.
Et voici... Tada! Les succès de la saison, par ordre d'importance.

Une seule tige de tomates millefleurs, que j'ai récoltées vertes en fin de saison,
avant une nuit de gel au sol.
Cette même tige m'a donné 1 litre de fruits !

- Numéro 1 au palmarès : les... tomates ! Pas très original, peut-être, mais oh combien délicieux ! J'ai eu 6 plants en pots et 6 autres en pleine terre. Mais pour ceux en pleine terre, j'ai utilisé une méthode de plantation qui leur permet de ramper au sol et de multiplier les têtes (donc je ne tuteure pas les plants et je n'enlève pas la majorité des "gourmands"). J'avais presque exclusivement des tomates cerises, jaunes en forme de poire, et rouges, la variété "Raisin de Noël". Mais aussi, 4 plants de tomates Millefleurs (L. Esculentum, une espèce différente des tomates, de Semences Solana), qui atteignent facilement 6 pieds de hauteur et font des grappes pouvant produire chacune jusqu'à 150 tomates... cerises. J'aurais probablement pu les laisser ramper au sol, comme mes vrais plants de tomates, mais comme je ne connaissais pas leur comportement, L. Esculentum étant une nouveauté pour moi, je n'ai pas osé.
Pourquoi pas cultiver aussi des variétés de grosses tomates ? Ma stratégie était la suivante : puisque je savais que je serais vraiment très occupée au travail de la fin août jusque vers la fin novembre, je me suis dit que les tomates cerises me prendraient moins de temps à préparer pour la congélation durant le plus gros de la récolte. En effet, tout ce qu'il y a à faire, c'est de s'assurer qu'elles sont propres, puis de les mettre dans un sac à congélation et hop, au congélateur. Pas besoin de les couper ou d'enlever leur pelure, rien ! Parfait pour moi.
J'ai récolté 1258 tomates bien mûres (je suis assez maniaque de statistiques pour perdre du temps à tout compter) dont quelques dizaines de moyenne taille. Nous en avons donc mangé à satiété, j'en ai donné, congelé et j'en ai fait du ketchup rouge aux fruits. Et puis, il y a eu les tomates vertes : 1570 !
Ici non plus, pas de gaspillage (mais plus de travail, tout de même, car il a fallu toutes les trancher en 2 ou en 4, une exigence des recettes que je voulais essayer) : j'en ai congelé pour usage ultérieur, j'en ai tiré plusieurs pots de ketchup vert et... j'en ai fait des gâteaux (eh oui !), indécemment délicieux.





- Numéro 2 au palmarès : les... fruits ! Les voici, à peu près dans l'ordre de leur apparition sur notre table.
- Rhubarbe : environ 5 litres, en croustade et en compote.
Ici, on voit les plants en fin de floraison.

Je laisse mes plants fleurir, car les hampes florales sont très belles.


- Fraises : 6 litres, toutes mangées crues.
- Amélanches : 750mL -
c'était ma première récolte de ce petit fruit.
 
- Bleuets : 7 litres, la plupart mangés crus.
En plus d'être énormément productifs, mes plants de cerises de terre forment un beau bosquet de verdure.
Mini melons d'eau  Sugar Baby (de Semences Solana). On en aperçoit un. J'en ai eu trois en tout. 
 - Cerises de terre : 11,5 litres de fruits, presque tous mangés crus (j'en ai congelé un pot). En plus, il nous reste 2 ou 3 litres de fruits encore verts. Certains arriveront à mûrir, d'autres non et il faudra les jeter, car les cerises de terre vertes sont toxiques (comme les pommes de terre vertes, leurs cousines).
- Groseilles à maquereau : la récolte s'annonçait abondante, mais les fruits ont desséché durant une canicule.

- Framboises noires (vous avez bien lu). Ici, elles sont en fleur. Elles aussi ont desséché durant le même coup de chaleur, pendant que j'étais partie en vacances.


- Fraises-épinards (ou épinards-fraises, selon la source, Chenopodium capitatum de leur nom latin).
À partir de 6 plants prenant très peu d'espace et mesurant à peine 30cm de hauteur,
j'ai récolté une quinzaine de belles tiges de ces fruits gros comme un petit pois,
qui goûtent un peu la betterave et colorent joliment toute salade.
Les feuilles se mangent, aussi, si on veut se donner la peine de les cueillir.
On peut les déguster crues en salade ou cuites.
    Il y a eu aussi plusieurs récoltes sauvages (poires, pommes, cerises à grappes, etc.) discutées précédemment dans cet article.
- En troisième position : les haricots, les laitues et les champignons ! En tout, 12 plants (dont 9 en pots) de haricots grimpants, ou si vous préférez, haricots à rames, m'ont donné 598 haricots très longs, verts ou violets, selon la variété. Blue lake ou Trionfo Violet (achetés chez Semences Solana). J'en ai congelé un peu, j'en ai tiré 200 grammes de fèves sèches, mais nous avons mangé le plus gros de la récolte à mesure que je cueillais les cosses, que je servais crues ou cuites à la vapeur.


 Quant aux laitues, 6 plants de romaine m'ont permis
de nous fournir en salade durant tout juillet et août, puis j'ai rentré des plants de semis tardifs à l'intérieur, sous les fluorescents, où ils nous donnent encore aujourd'hui, quelques salades par semaine.

C'est sur la galerie que mes plants de laitue
ont le mieux produit.




Pour ce qui est des champignons, je crois que j'en ai assez congelé pour nous faire tenir jusqu'en février, si ce n'est pas plus tard. Voir mon article sur le sujet


Mes essais et surprises de la saison 2011 

Chez moi, au fil des ans, j'ai planté 150 cultivars différents d'hémérocalles.
Dire que durant toutes ces années, je ne me doutais pas du tout que j'avais
 accès à une substantielle source de nourriture tôt  au printemps !

En avril, j'ai goûté pour la première fois de ma vie à des pousses vertes d'hémérocalles, ainsi qu'à des feuilles de violettes. Je n'avais jamais imaginé qu'on pouvait en manger et j'ai donc découvert deux verdures printanières absolument délicieuses ! 
En plus, elles poussent en abondance chez moi. Puis, au milieu de l'été, je me suis rendu compte qu'on peut utiliser les graines et les cosses de graines d'hémérocalles.
J'ai essayé la racine de bardane, mais j'ai trouvé que sa récolte et sa préparation prenait beaucoup de temps pour ce qu'on pouvait en retirer. Même chose pour la racine de pissenlit, mais comme nous n'en utilisons qu'une assez petite quantité en tant qu'ingrédient secondaire d'une tisane printanière pour nous nettoyer l'organisme, cela ne m'a pas trop dérangée d'y consacrer du temps.
J'ai fait pousser du quinoa, en très petite quantité, ce qui m'a donné à peine quelques grammes de graines. Mais... j'ai ainsi découvert comment récolter et traiter ces graines et j'ai appris qu'on pouvait aussi manger les feuilles (comme la moutarde, d'ailleurs), puis aussi qu'en faisant tremper les graines avant la cuisson, pour les débarrasser de la saponine dont elles sont naturellement enduites, je pouvais utiliser l'eau de trempage pour ajouter à ma recette d'insecticide maison. Le quinoa est la première céréale que je me risque à cultiver et, comme elle donne un bon rendement quand on sait s'y prendre (ce qui n'est pas encore exactement mon cas...), cela en fait une céréale très intéressante pour nos jardins de ville (on parle de un kilo de graines par plant, chaque plant prenant 30cm carrés d'espace).
J'ai découvert la livèche, fine herbe vivace qui remplace les feuilles de céleri en cuisine, et le raifort, autre vivace dont on peut se contenter d'utiliser les feuilles, aussi.
J'ai aussi découvert avec plaisir et soulagement qu'on peut faire cuire les feuilles de navet, de radis et de rutabaga. C'est bien, parce que les navets et radis ont produit des feuilles en quantité, à défaut de racine comestible ! J'ai donc réussi à "sauver" ces deux récoltes du désastre ! 

Pour la première fois de ma vie, j'ai planté des pommes de terre.
Ces patates ont poussé sur un monticule appelé "Hugelkultur".
Allez voir sur internet, si vous êtes trop curieux pour attendre
que j'écrive quelque chose là-dessus.

Et voilà! Une autre année pleine à craquer de belles expériences! Mon jardin est vieux de vingt-six ans, mais le potager, lui, a subi un arrêt de quinze ans, si on excepte quelques variétés de petits fruits. Ce n'est que cette année que j'ai recommencé à jardiner pour remplir notre assiette.
Somme toute, je crois que ma surprise la plus grande a été de constater la quantité et la variété de nourriture que j'ai pu récolter pour cette première année de retour au jardinage de subsistance. Mon mari a été encore plus surpris que moi et comme c'est un gourmet-gourmand, je ne crois pas qu'il protestera à l'idée de consacrer une plus grande surface de notre terrain aux plantes comestibles !



dimanche 6 novembre 2011

Les succès et les échecs 2011, partie 1


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Récolte de citrouilles, une citrouille ordinaire de ma vigne mystère et
10 citrouilles mini-boo.

Hélène :
Il me semble que la saison du jardinage n'a commencé qu'il y a quelques semaines et nous voilà déjà à la tombée du rideau. Les nuits sont fraîches, il pleut fréquemment et il n'y a plus grand chose d'un beau vert vibrant. Mais il y a une cornucopée de délicieux légumes dans le jardin! Et puis, il y a aussi malheureusement certains espaces dénudés, non pas parce qu'on en a profité, mais bien parce que ça n'a pas marché. Voici donc un grand article (car il y en a beaucoup à dire) sur les succès et les échecs des jardins en cette belle année 2011.

Les succès :
fleurs d'amélanchier

D'abord et avant tout les amélanches et les fraises. Ces petits fruits de la fin du printemps ont été nombreux et nous en avons fait un plaisir nature, mangées comme ça. Je n'aurais pas eu le temps d'en faire une tarte ou un dessert avant que mon fils ravage le bol fraîchement cueilli. Vous pouvez relire l'épopée des fraises dans ce lien. Il n'y a eu qu'un dessert fait avec des fraises qui n'étaient pas très belles, car elles avaient passé un bon moment sous une pluie tenace et à la merci des limaces. Côté fruits, j'ai aussi fait une belle petite récolte de pêches, ma première année avec cet arbre, mais c'est un sujet à part entière dont je reparlerai plus tard (voici l'article, un an plus tard en Août 2012).
Les 4 premiers radis Zlata de la saison,
ce sont des radis jaunes.

Il y a eu aussi la laitue (2 sortes, qui ont d'ailleurs repris de la vigueur avec les récentes fraîcheurs d'octobre), les carottes, la moutarde et les radis, plantés en polyculture. Pour les non-initiés, la polyculture est une méthode de jardinage très simple; on disperse un mélange de graines dans un espace prédéterminé et on les laisse pousser où elles tombent. Quand ça pousse, on éclaircit au fur et à mesure et on mange ce que l'on cueille, alors pour manger des laitues bébés en grande quantité par exemple, c'est idéal. Mais il y a un brin plus de science derrière la technique, si on le souhaite : Faire un choix de plantes qui se complètent de différentes manières, par exemple. Le classique combo de carottes et de radis en est un (les radis poussent tellement vite comparés aux carottes qu'ils commencent tôt à repousser les mauvaises herbes, puis la récolte arrive juste à temps pour laisser aux carottes la place nécessaire), mais on peut aussi parler d'autres combinaisons comme laitues-carottes-poireaux (ou oignons) : La carotte pousse dans le sol et son feuillage fait très peu d'ombrage, le poireau pousse tout droit alors ne dérange pas ses voisines non plus et puis la laitue fait juste assez d'ombre pour décourager les mauvaises herbes sans nuire aux autres. Mon expérience n'a pas été un succès complet, par contre. Les radis, je n'en ai récolté qu'une dizaine. Les carottes ont été encore plus difficiles; j'en ai récolté entre 15 et 20, mais puisque je ne fais pas attention à mon sol argileux, elles sont petites et déformées. J'en suis néanmoins bien fière, puisque cette année, j'y suis allée sur 3 sortes différentes, 3 couleurs intéressantes. Pour la moutarde... Je vous en parle ici. Les laitues, Komatsuna et Langue de cerf venant de Solana on été un beau succès tout l'été et j'ai fait beaucoup de salades absolument délicieuses.

Avez-vous déjà essayé de faire vos semis intérieurs? Moi si, il y a plusieurs années, près d'une fenêtre, un trop gros pot et de la terre. Je n'ai jamais réussi à faire pousser quoi que ce soit comme ça et c'était une grande source de découragement, car quand rien ne veut pousser à partir de graines, ça ne donne simplement pas le goût de s'investir d'avantage. Puis pour la première fois je me suis installée sérieusement, avec une Tablette à semis, et un tapis chauffant de chez Veseys (je ne voulais prendre aucune chance).  Plusieurs types de plantes ont niché là, de février à mai dernier.

3 sortes de tomates ici : La traditionnelle poire jaune cerise, la
Mini-Blanche Petit Moineau et la P20 Bleue.
 
 Les tomates ont été un succès plein de petits échecs. Les semis ont poussé assez bien malgré le manque d'eau sous la lampe, erreur que je ne referai pas l'an prochain. En tout, 4 plants de tomates ont survécu en semis, quantité bien suffisante, que je me disais. Mais voilà, le point saillant de ce bout d'histoire - la mise en terre s'est mal passée. Trop froid? Pas assez d'eau? Je ne sais pas exactement, mais je suis venue à un poil de perdre mes 4 plants. Et dans un moment de panique, je me suis retournée vers mon centre de jardin préféré et j'ai acheté un plant de mini-tomates poires jaunes standard, le type qu'on retrouve pas mal partout. Quand les autres plants ont repris, à ma grande surprise, je me suis retrouvée avec beaucoup de délicieuses tomates et finalement, une belle variété. Mes 2 plants de tomates mini-blanches Petit Moineau ont fait extrêmement bien, mais en terre, un seul plant de Bleue P20 a fait des fruits (l'autre était trop amoché et n'a fait que de la feuille). Ici, on raffole des tomates cerises, ce n'est pratiquement que ça qu'on mange frais et donc ce n'est pas surprenant qu'elles prennent la plus grande place dans mon jardin. Mais l'an prochain, je me promets de mettre une superbe variété donnant des fruits de bonne taille, peut-être pour faire des conserves. Les Bleues et les Mini-Blanches viennent de Solana, comme les laitues mentionnées plus haut.


Je passerai rapidement sur le sujet des tournesols, qui a déjà été exploré ici. Mais j'ajouterai que je me sers de mes tournesols surtout en germination dans des pots Mason même si ce n'est pas particulièrement facile. Voici là un sujet qui mérite lui aussi un article à lui, alors je ne n'en parlerai pas ici  (et voici l'article en question, daté en décembre 2011).
Un autre petit succès se retrouve dans les framboises dorées, une variété remontante, c'est-à-dire qu'elle donne plus d'une récolte par année. La quantité de chaque récolte n'a pas été grande: une poignée ici, une poignée là. Ma plus grande récolte réunissait une quinzaine de framboises seulement. Le plant est jeune et petit. Mais si on compte sur la longueur de la saison, il a vraiment fait bien ; ma première récolte (de peut-être 4 framboises) se passait à la mi-juillet. Eh bien, rendue au milieu d'octobre, j'en récolte encore! Et si ça va bien, je m'attends à en avoir jusqu'aux gels! Un truc à mentionner : la première année m'a apporté des fruits (normalement un framboisier n'en fait que sur des branches vieilles de 2 ans), mais ils étaient acides et peu sucrés. Cette année par contre, ils sont absolument délicieux! Si j'avais des doutes sur la pertinence de garder le plant, je n'en ai plus après cette saison-ci!

 En contrepartie, pas de chance pour les framboisiers rouges du voisin qui avaient glissé de mon côté de la clôture. Je n'avais pas fait attention, mais c'était des branches vieilles de 3 ans. Elles ont désséché comme elles portaient fruit. Peut-être l'an prochain reviendront-elles avec un esprit de vengeance (on peut espérer, du moins).

J'ai à peine eu le temps de prendre une photo qu'une petite main se
glissait dans le bol, son propriétaire prêt à engloutir les délicieux fruits!

Voici une récolte du mois de Juillet : 4 énormes navets,
une poignée de framboises dorées, des tomates, des tomates
et encore des tomates!

Un des énormes succès du jardin est arrivé sous forme de navets (littéralement). Louise m'avait refilé des graines de navet Early Snowball. Je les ai semés en polyculture avec des graines de soucis. Les soucis ont été timides, mais ont bien fait malgré tout. Les navets eux, ont pris tout l'espace qu'ils pouvaient et nous en mangeons régulièrement!

Note de Louise : notez qu'on parle ici de navets -voir la photo - et non de rutabagas. D'ailleurs, les feuilles et tiges de navets, de radis et de rutabagas se mangent, j'en parlerai bientôt dans un futur article.

Il y a aussi le piment Corne de Taureau, de Solana encore, un bon piment pas trop fort qui a donné une récolte raisonnable, mais surtout verte. J'ai planté aussi des poivrons violets, mais ils ont eu tellement de compétition pour le soleil avec les tournesols et les courges que je n'en ai cueilli que quelques-uns et ils étaient petits et souvent difformes, l'intérieur encore vert (j'en ai discuté ici). Tout ça m'a servi par contre à faire des légumes préservés dans l'huile. J'y goûterai dans quelques semaines.



Les fleurs de soucis perdues à travers les feuilles de navet.

 Une note aussi sur les patates. Cette année, pour une raison qui m'est inconnue, mes patates sont mortes. J'ai entendu dire que parfois, ça arrive, même si l'emplacement a été un succès les années précédentes. Alors ce n'est que partie remise pour l'an prochain!


Il y a dû avoir un problème de
pollinisation : La vraie mini boo
est un peu plus grosse et striée
de vert sur le blanc.
Il y a aussi les citrouilles. J'avais commandé, de Solana encore, des citrouilles mini-boo, variété absolument adorable, petite et blanche. De celle-là, j'en ai eu 10, qui feront d'abord d'excellentes décorations d'Halloween et puis probablement de délicieuses petites citrouilles farcies. Et puis il y a eu mes 2 vignes surprises, issues de mon tas de compost. Malheureusement, de cette expérimentation, une seule citrouille a vu le jour... Mais elle est très, très bonne et j'ai maintenant un sac plein de cubes de citrouille bio dans le congélateur!

Note de Louise : il serait normal de ne pas récolter beaucoup de citrouilles d'un seul et même plant. La norme serait de deux ou trois citrouilles par plant, même chez les agriculteurs.

Et finalement, il y a une incontournable chez nous, la fève espagnole (haricot grimpant "scarlet runner bean"). C'est une vigne prolifique qui grandit tellement vite et haut qu'elle est l'inspiration du conte Jacques et le Haricot Magique. Les fèves se mangent entières lorsqu'elles sont jeunes et petites, mais si on les laisse grandir et se rendre à maturité, on obtient des graines qui elles, sont absolument superbes! On laisse sécher les cosses, on en extrait les fèves qu'on met de côté, bien sèches, pour utilisation ultérieure. Dans une sauce spaghetti, elles ajoutent couleur, goût et valeur nutritive. J'en fais pousser depuis 4 ans et cette année, elles ont eu un nouvel emplacement, directement sur le garde-fou de mon énorme et monstrueux balcon. Elles ne prennent donc pas d'espace précieux dans le jardin et font par elles-mêmes un jardin vertical absolument superbe.

La récolte 2011. En tout, pour 5 plants, j'ai récolté 736g de
délicieuses fèves que j'ai fait sécher !
Les fleurs rouges des fèves espagnoles sont vibrantes... et se mangent!
Je n'ai planté que 5 graines et mes pots de cosmos et capucines ont été envahis
par les vignes. Cette photo date d'août, alors vous ne voyez pas encore toute l'ampleur
que les plantes avaient prise en fin de saison !

Et les échecs, eux?

L'obélisque au printemps devient une montagne verte
en été. Les années précédentes, c'était là que les fèves
espagnoles poussaient. En 2011, c'est une vigne de
courge mystère qui s'est installée dont je n'ai finalement
eux aucun bénéfice autre que de l'expérience.
Et bien c'est sûr, je n'ai pas trop de photos, hein. Mais à part les patates et la deuxième vigne de courge (dont je ne saurai jamais la variété), je peux mentionner les concombres. J'ai acheté une variété naine qui pousse apparemment bien en pot... Si la quantité d'eau est idéale. Ce n'était pas mon cas. Les bleuets, eux, n'ont fait que 9 fruits... C'est la deuxième année que j'ai le plant et je crois savoir pourquoi ça n'a pas bien fait : J'ai entendu dire que les bleuets doivent avoir au moins deux plants pour la pollinisation. L'an prochain, j'achèterai au moins 2 autres plants. J'ai aussi essayé de faire pousser une variété de melons, mais c'est un très petit melon et sa vigne n'a juste pas pu compétitionner contre la vigne géante de courge qui s'était installée aussi sur mon obélisque. Mais j'ai un plan : je vais essayer cette variété naine à l'intérieur. Elle avait bien fait sur ma tablette à semis, alors je vais probablement la réessayer là, carrément.


Freya cherche la souris que j'ai prise et
remise dans la boîte de compost, sa maison.
Il y a eu aussi des surprises...

À part les vignes surprises, il y a eu aussi des plants de tomates qui sont apparus ici et là, gracieuseté de mon compost. Mais les deux plus grandes surprises de l'été sont toutes autres. D'abord, j'ai eu des souris dans mon compost. C'est quand j'ai remarqué ma plus jeune chatte courir partout sur le terrain et qu'elle semblait bien avoir attrapé quelque chose, que la réalisation s'est faite. En m'approchant, j'ai non seulement bien remarqué la pauvre petite souris affolée (elle n'était nullement blessée, mais qu'elle ait fait une crise cardiaque ne m'aurait pas étonnée!), puis j'ai remarqué qu'au travers des lattes de ventilation de ma boîte à compost, non loin du théâtre de ce drame affligeant... de petites pattes couraient dans tout les sens. Plusieurs petites pattes. Non seulement ça, mais au bas de la façade de mon cabanon, qui est à peine à un mètre plus loin, il y avait de petites entrées de tunnels... et une autre énorme entrée. En regardant, j'ai vu deux gros yeux me renvoyer le regard. Huh, ce n'était pas une souris, ça. Mais qu'est-ce que c'était? À l'écriture de cet article, je ne sais toujours pas. Je suis portée à croire à un lapin sauvage; il y en a dans le boisé voisin et l'hiver dernier j'avais trouvé des excréments de lapin dans la neige sur mon terrain. Je n'est jamais vu de marmottes dans le coin et bien que j'aie déjà senti des mouffettes, l'odeur n'a jamais été assez forte pour signaler qu'elles passaient dans mon terrain qui est très bien clotûré (un chien y habitait avant nous). L'autre visiteur, qui n'est passé qu'une nuit a été un raton-laveur. Il a ouvert la boîte de compost, s'est régalé, puis est reparti. Je verrouille maintenant mon compost, juste au cas où, quoique mes chattes lui ont fait impression, j'en suis certaine.

Ah oui, j'ai aussi trouvé, dans le compost, un champignon! Je suis pas mal sûre qu'il s'agissait de champignons de Paris (j'en avais jeté quelques jours avant), mais comme mentionné dans l'article de Louise , quand on n'est pas sûr, on ne touche pas!

J'ai aussi beaucoup de plantes intéressantes dans mon gazon. Du trèfle rouge, du pissenlit et du plantain que j'ai utilisé abondamment cette année, les 2 premières en tisane et le plantain pour traiter les piqûres de moustiques (et ça marche!). Mais l'autre grande surprise dans ma pelouse, c'était de la camomille allemande. Considérant que ce n'est pas toujours une plante facile à faire pousser, j'ai vraiment été étonnée, mais après en avoir fait de la tisane, force est de constater que c'était bien cela.

Comme quoi la nature est toujours prête à donner un coup de pouce aux jardiniers... Gardez l'oeil ouvert pour l'article des succès et échecs du jardin de Louise!